Vertes à souhait ?

Je réponds, j'espère que ça dérange pas :p

Le soleil brillait déjà haut quand Anaïs sortit du petit bois dans lequel elle avait passé la nuit. Et d'ailleurs, elle n'avait pas passé une bonne nuit. Les bruits de la forêt la réveillèrent sans cesse, et puis l'impression d'être tout le temps épiée ... ce fut vraiment désagréable. Et pourtant elle n'était pas spécialement de mauvaise humeur, grâce au soleil, entre autre. Ses rayons chauffaient la robe sombre de la femelle, qui ainsi les attiraient presque tous. En quelques minutes seulement, elle se sentait revivre, comme si toute l'énergie qu'elle avait perdu la veille était réapparu d'un coup. C'était étrange et cela ne durerait pas très longtemps, raison pour laquelle elle choisit de sortir dès l'instant où elle en avait la force. Car Anaïs n'était pas très résistante, et même elle était maigre, peut être - sûrement même - parce qu'elle ne mangeait pas comme il fallait, assez régulièrement. Ses problèmes y étaient pour quelque chose, croyez moi.

Les pentes aiguës étaient tantôt boueuses, tantôt herbeuses, mais toujours glissantes. La jeune jument risquait parfois un pas dans la gadoue, mais toujours prudemment, et finalement elle arriva sans peine à un sentier un peu plus plat. Elle décida cependant de monter la colline doucement, car après tout, c'était encore le matin. Peut être un peu plus tôt qu'elle ne le pensait, ou alors un peu plus tard. En vérité, elle savait très mal se situer dans le temps. Et puis, habituellement, elle préférait la nuit, ou encore l'aurore et le crépuscule, pour profiter du calme. La journée, parfois, c'était si agité qu'elle retournait dormir. Elle avait besoin de se sentir apaisée. Et tout en y pensant, les crins balayés par la légère brise fraîche qui soufflait depuis une heure ou deux, elle aperçut une silhouette imposante et musclée. Un étalon, certainement. Elle n'était plus très loin de lui, mais elle ne dit rien. Pas un bruit, silencieuse.

Se presser ? Certainement pas. Anaïs avait toujours pris son temps, ce qu'on lui avait parfois reprocher. Car même si une vie est parfois trop courte, elle peut être d'une monotonie mortelle. Et alors se dépêcher n'est plus nécessaire, tant la vie vous semble inutile et agaçante. Heureusement elle n'avait jamais ressenti le monde ainsi, et espérait que jamais cela n'arriverait. Être si blasé qu'on en vient à détester tout le monde ... non, vraiment, la femelle savait qu'elle s'y résignerait toujours. D'un mouvement de tête négatif, elle se persuada que cela n'arriverait jamais, que sa vie serait toujours pleines de surprises, bonnes comme mauvaises, et que tout autour d'elle serait sans cesse en mouvement. Peut être pas tout le temps, mais assez pour ne pas qu'elle s'en lasse. Oui, c'était sa vision de son futur. Mais rien n'est jamais parfait, ni rien n'est jamais comme on l'espère. Et elle l'avait prouvé elle-même, aussi jeune soit-elle.
Le soleil était si puissant qu'il chassait les nuages, et à vrai dire Anaïs était bien contente d'un peu de soleil. Depuis le temps que la neige était partout, même parfois la pluie ... La chaleur de l'Astre lui faisait du bien, et elle ferma à demi ses yeux pour mieux en profiter, et ne pas être gênée par les rayons ultra violets de la boule de feu. Elle inspira profondément, continuant lentement mais sûrement sa route, jusqu'à arriver à la hauteur du mâle. Elle rouvrit ses yeux complètement, le dévisagea un instant, puis lui répondit, peut être plus par politesse que par sociabilité, n'ayant jamais été ni bavarde ni extravertie : " Oui, c'est beau. Mais malheureusement ce n'est pas dans les terres de mon clan ... " Bien entendu elle laissait insinuer qu'elle n'était pas vraiment d'ici. Pour être claire, vous voyez. Ne pas confondre, elle n'était pas de Llowa. Elle était de Seam, même si cela n'avait pas tellement de signification pour elle, elle appartenait à ce clan et s'en tiendrait. Enfin, elle se sentait comme une espèce de traître à traîner sur des terres qui ne soient pas les siennes. Mais tant pis. Un léger sourire aux lèvres, ce qui illuminait son visage, elle se plaça derrière l'étalon pour mieux se protéger du soleil, tout en le remerciant d'un geste de la tête. Elle n'avait jamais été insolente, et espérait que jamais elle ne le serait.